La cité de pluies de sang by Fredrick D. Huebner

La cité de pluies de sang by Fredrick D. Huebner

Auteur:Fredrick D. Huebner [Huebner, Fredrick D.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782070491162
Google: 0za6GAAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1987-05-14T22:00:00+00:00


CHAPITRE 14

George Shields pratiquait le droit avec son père dans une firme appelée Shields, Hart et Shields. Pas un gros bureau d’avocats, mais une affaire prospère. Il s’occupait surtout de gérer les fortunes locales nées de la navigation, de l’aéronautique et de la construction. Ses bureaux, au 49e étage d’un immeuble bancaire qui avait toutes les grâces architecturales d’une boîte à cigares, étaient conçus pour rassurer les clients grâce à leurs gros tapis et à leurs panneaux de chêne sculpté. Ils me paraissaient ressembler à un compromis entre une banque et un bordel et représenter comme tels un aspect artistique de la pratique du droit plus évident que ce que l’on trouve habituellement. »

J’étais assis dans le hall de la réception, et j’observai Shields au moment où il entrait. Il avait maintenant trente-six ans et n’était plus aussi séduisant qu’il ne l’avait été à vingt. C’était un homme trapu avec une tendance à l’embonpoint. Ses traits s’étaient épaissis avec l’âge et le poids. Mais lorsqu’il entrait dans une pièce, on pouvait sentir sa pénétration dans l’air comme un changement de temps. Il traînait derrière lui les deux ou trois séides habituels que tous les politiciens attirent à eux comme un aimant le fer. Il les renvoya d’un geste.

Il vint me serrer la main et m’appela Matt pendant que nous dirigions vers son bureau.

— Que diriez-vous d’un sandwich et d’une bière ? demanda-t-il. J’ai déjà déjeuné dans trois maisons de retraite aujourd’hui. Ce qui veut dire que j’ai parlé, que j’ai souri et que j’ai siroté un peu d’eau. Je ne peux pas manger leurs saloperies. Mais il faut essayer de s’assurer les votes des vieux.

Je dis oui pour le déjeuner et j’ajoutai :

— Votre campagne semble bien marcher. Vous avez grimpé de seize points dans les derniers sondages.

— Oui, répondit-il, mais avec la TV, vous pouvez les reperdre foutrement vite. C’est pourquoi il faut mener une campagne acharnée. C’est très douloureux. Mais pourtant, ça vous cause un choc : des centaines de gens qui vous regardent, qui se précipitent vers vous, qui vous font confiance. Vous vous sentez électrisé.

Une jolie petite employée apporta la bière et les sandwiches sur un plateau. Shields la remercia, et elle se retira en souriant. Pendant un moment, j’eus peur qu’elle ne fasse la révérence.

— Il s’agit de Steve Turner, n’est-ce pas ? demanda Shields en s’attaquant à une bouchée de corned-beef.

— Oui. Je représente sa sœur, pas la succession. Elle m’a demandé d’enquêter sur sa mort quand les investigations de la police ont piétiné.

— Pourquoi avoir engagé un avocat plutôt qu’un détective ?

— Je n’en sais rien. J’ai été détective pour le Ministère de la Justice et procureur de la brigade spéciale. Si je suis un luxe, c’est un luxe qu’elle peut se payer.

— Oui, elle le peut.

Shields vida le fond d’une bouteille de bière et en ouvrit une autre.

— Mais dans ce cas, pourquoi venir me trouver ? Il y a plus d’un an que je n’ai pas vu Steve.

— Parce que je crois que sa mort est liée d’une certaine manière au procès des Neuf du Nord-Ouest.

Le sourire figé lui tomba du visage comme une pierre.



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